A propos
Conférence présentée par Nathalie Cochoy (laboratoire Cultures Anglo-Saxonnes, axe « Poéthiques ») et Jean-Yves Laurichesse (laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire) dans le cadre des « Savoirs Partagés », Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail, 11 mars 2016.
Suite à la parution de son ouvrage Le fil perdu en 2014, Jacques Rancière offre dans cette conférence « un regard nouveau et lumineux sur la fiction moderne et, en particulier, sur les œuvres de romanciers et poètes français (Flaubert, Baudelaire…) mais aussi anglais et américains (Conrad, Woolf, Keats…), s’attardant moins sur ce que la fiction représente que sur ce qu’elle opère. Jacques Rancière s’intéresse ici à ce moment particulier où la fiction devient à ses yeux « démocratique ». C’est en effet dans la forme des œuvres, dans les détails insignifiants, non plus utiles en termes de vraisemblance cartésienne mais véritablement inscrits dans une continuité de coexistence sensible, qu’il décèle une attention nouvelle à des formes d’expérience jusque-là refusées. » (Nathalie Cochoy).
« Il est classique d’opposer fiction et réalité comme le domaine de la fantaisie sans règle et celui de l’action sérieuse. Mais c’est oublier qu’il n’y a de réalité qu’à travers une certaine grille perceptive et une certaine connexion des causes et des effets. Construction logique de la réalité quotidienne, la rationalité de la fiction était par excellence celle du poème tragique dont tout l’art consistait à faire produire par une connexion causale un effet logique et pourtant inattendu. Par rapport à cela, le roman a longtemps été un parent pauvre parce que les événements y arrivaient les uns après les autres sans lien causal fort. Le roman moderne a bouleversé la hiérarchie en faisant sa force de cet enchaînement faible, plus fidèle à la réalité de l’expérience vécue des individus. Par cela même, il se met dans un rapport paradoxal avec la politique. D’un côté, il en expose le fondement, la venue au jour des anonymes, la part des sans-part. Mais cette venue au jour signifie la ruine des identités établies, de la topographie sociale, de la hiérarchie des événements significatifs ou insignifiants, des enchaînements de causes et d’effets qui donnent normalement à l’action collective ses coordonnées ». (Jacques Rancière, L’Humanité, 18 avril 2014).
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Fiche technique
- Date de réalisation : 11 Mars 2015
- Durée du programme : 62 min
- Classification Dewey : Littérature française, Histoire et étude par points spécifiques (courants littéraires, thèmes etc.), Esthétique littéraire
- Niveau : niveau Master (LMD), niveau Doctorat (LMD), Recherche
- Disciplines : Littérature française et de langue française, Philosophie contemporaine
- Auteur(s) : RANCIÈRE Jacques
- Producteur : Université Toulouse – Jean Jaurès – campus Mirail , SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail
- Réalisateur(s) : BOUHARAOUA Samir
- Langue : Français
- Conditions d’utilisation : Tous droits réservés à l’Université Toulouse – Jean Jaurès-campus Mirail et aux auteurs.